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Bilan environnemental
de la France - Édition 2020
MAI 2021

Pollution des eaux superficielles et souterraines

Les milieux aquatiques font l’objet de multiples pressions liées aux activités humaines, agricoles, industrielles et domestiques. Ainsi, en 2015, seules 44 % des masses d’eau superficielles affichent un bon état écologique et 69 % des masses d’eau souterraines un bon état chimique. Cette altération induit des coûts importants de prévention, de protection et de restauration pour assurer la pérennité des usages et en premier lieu, la production d’eau destinée à la consommation humaine.

En 2018, les ventes de produits phytosanitaires s’élèvent à près de 86 000 tonnes en substances actives (carte 1). Ces ventes, principalement destinées à un usage agricole, font de la France le deuxième utilisateur de phytosanitaires en Europe et le huitième rapporté à l’hectare. Vingt départements totalisent plus de la moitié de la quantité de substances actives achetées sur la période 2016-2018 : en premier lieu, la Gironde suivie de la Marne, du Pas-de-Calais, de la Somme et du Gard. La surveillance de la qualité des eaux de surface et des eaux souterraines met en évidence une présence généralisée de pesticides. Les teneurs les plus élevées concernent les zones de grandes cultures, d’arboriculture et de viticulture. Seuls les territoires montagneux ou constitués de surfaces agricoles moins traitées, telles que les prairies permanentes, sont épargnés par cette contamination (carte 2).

Les milieux aquatiques accumulent également les surplus résultant de la fertilisation minérale et organique des cultures. Depuis le début des années 1990, les ventes d’engrais azotés fluctuent autour de 85 kg par hectare de surface fertilisable (87 kg lors de la campagne 2017-2018 contre 57 kg pour la campagne 1972-1973). L’adoption de plans d’aide aux agriculteurs, les actions mises en œuvre dans les zones vulnérables et les mesures visant à mieux valoriser les effluents d’élevage (modernisation des bâtiments, plans d’épandage) permettent progressivement de lutter contre le lessivage des nitrates. Sans tenir compte des variations liées à la pluviométrie, les teneurs en nitrates se stabilisent dans les eaux (cartes 3 et 4).

Entre 1972 et 2017, les engrais phosphatés ont été divisés par 4, pour atteindre 7,3 kg par hectare en 2017. D’importants investissements ont par ailleurs été réalisés pour la rénovation des stations d’épuration urbaines. Ces mises aux normes et l’interdiction des phosphates dans les lessives ont été rapidement suivies d’effets : les teneurs en phosphates ont été divisées par 2 dans les cours d’eau en quinze ans.

D’autres substances dégradent la qualité des eaux. Ainsi, les composés organiques volatils, comme le trichloréthylène, le perchloréthylène ou le tétrachloréthylène, puissants solvants utilisés par les industries chimique et mécanique et pour le nettoyage à sec des textiles, sont, après les nitrates et les pesticides, la troisième source de dégradation des eaux souterraines.

Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP, benzène et ses dérivés) sont la première cause de la dégradation chimique des eaux superficielles. Ces produits proviennent principalement des échappements des moteurs à combustion, du lessivage des revêtements routiers ou des traverses en bois de chemin de fer.

Les dépenses d’assainissement des eaux usées, de prévention des infiltrations des substances polluantes et de dépollution de l’eau, supportées par les ménages, les entreprises et les administrations publiques, sont importantes. Avec un total de plus de 15 milliards d’euros en 2018, elles représentent l’un des principaux postes des dépenses de protection de l’environnement en France (graphique 1).

Carte 1 : les achats de substances actives en moyenne triennale par département, sur la période 2016-2018

Source : BNV-D, données 2015, 2016, 2017 et 2018 au code postal acheteur, extraites le 9 décembre 2019. Traitements : SDES, 2019

Carte 2 : évolution de l’indice de présence des pesticides dans les cours d’eau, par sous-secteur hydrographique, sur la période 2008-2017

Sources : Système d’information sur l’eau, EauFrance ; ANSES ; Ineris. Traitements : SDES, 2019

Carte 3 : évolution des nitrates dans les cours d’eau par bassin, sur la période 1998-2017

Source : Système d’information sur l’eau, EauFrance. Traitements : SDES, 2019

Carte 4 : évolution des teneurs en nitrates par entité hydrogéologique, sur la période 1996-2016

Source : Système d’information sur l’eau, EauFrance. Traitements : SDES, 2019

Graphique 1 : évolution des dépenses pour l’assainissement des eaux usées, la potabilisation et la dépollution des sites et sols pollués et pour la lutte contre les pollutions agricoles

sd = données semi-définitives ; p = données provisoires.
Champ : France entière.
Source : Compte de dépenses de protection de l’environnement. Traitements : SDES, 2020

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