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Bilan environnemental
de la France - Édition 2020
MAI 2021

Changement climatique

Grâce aux gaz à effet de serre (GES) présents naturellement dans l’atmosphère, la Terre absorbe une partie de l’énergie qu’elle reçoit du Soleil. Ce phénomène naturel, appelé « effet de serre », rend la vie possible sur Terre : sans lui, la température moyenne de la planète serait en effet de l’ordre de - 18 °C. Ces GES jouent donc un rôle important dans la régulation du climat. Depuis l’ère préindustrielle, les concentrations mondiales des GES émis par les activités humaines ont crû de façon notable et l’effet de serre s’amplifie. L’augmentation de l’énergie emmagasinée par la Terre a des impacts sur les grands équilibres qui régissent le climat actuel. Les conséquences sont nombreuses : hausse des températures et du niveau des mers, modification du régime des précipitations, sécheresse, événements météorologiques extrêmes, etc. (carte 1).

Au cours de la dernière décennie (2010-2019), la température moyenne mondiale a été supérieure d’environ 1 °C à son niveau de l’ère préindustrielle, d’après le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) mis en place sous l’égide de l’Organisation des Nations unies. Depuis 1976, la température mondiale n’a jamais été plus froide que la moyenne du XXe siècle et les cinq dernières années (2015 à 2019) sont les plus chaudes jamais enregistrées. Une tendance similaire est perceptible en France métropolitaine. En 2019, la température moyenne annuelle a dépassé la normale (1961-1990) de 1,8 °C, plaçant l’année 2019 au troisième rang des années les plus chaudes depuis le début du XXe siècle, derrière 2018 (+ 2,1 °C) et 2014 (+ 1,9 °C) - (graphique 1). Le niveau moyen des mers s’est lui élevé d’environ 1,7 mm/an sur la période 1901-2010. Cette élévation s’est nettement accentuée sur les dernières décennies : + 3,3 mm/an sur la période 1993-2019 (graphique 2).

Les effets physiques du changement climatique modifient les milieux naturels (par exemple, augmentation des sécheresses, modification du cycle de l’eau) et perturbent la biodiversité (par exemple, modification des dates des vendanges, évolution des dates de migrations de certains oiseaux). Ces modifications de l’environnement affectent les sociétés humaines et l’économie dans des domaines comme la santé (62 % de la population française est estimée exposée de façon forte aux risques climatiques), le tourisme (- 12 % d’enneigement en moyenne sur les massifs français par rapport à la moyenne 1981-2010) et l’agriculture (stagnation des rendements de blé tendre après 35 ans de croissance).

La montée des eaux expose les aménagements urbains du littoral au risque de submersion ou d’érosion côtière. Ainsi, en France, 850 000 personnes habitent dans des zones où l’altitude est inférieure à la hauteur atteinte par la mer avec une occurrence centennale. Plus de 4 millions de maisons sont localisées dans des zones fortement exposées au phénomène de retrait-gonflement des argiles. Ces risques sont accentués par la recrudescence des sécheresses provoquées par le changement climatique. En 2018, les désordres consécutifs à la sécheresse sont responsables de 46 % des coûts couverts par le régime d’indemnisation des catastrophes naturelles, soit environ 800 millions d’euros.

Le rapport du Giec d’octobre 2018 analyse les impacts du changement climatique pour 1,5 °C et 2 °C d’élévation de la température moyenne par rapport à l’époque préindustrielle. Si 70 à 90 % des récifs coralliens sont dégradés dans le cas d’un réchauffement planétaire de + 1,5 °C, ils disparaîtraient complètement avec une hausse de température de + 2 °C. Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), une hausse des températures de + 4 °C par rapport aux niveaux préindustriels entraînerait une perte de PIB mondial comprise entre 1,0 % et 3,3 % d’ici 2060 et entre 2 % et 10 % à la fin du siècle.

Pour limiter les préjudices susceptibles d’être causés par les effets du changement climatique, deux leviers d’action sont possibles : l’atténuation des émissions de GES et l’adaptation des sociétés aux effets du changement climatique. En matière d’atténuation, les objectifs de la stratégie nationale bas-carbone visent une réduction des émissions de GES permettant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, ainsi qu’une réduction de l’empreinte carbone des Français. Au-delà de ces objectifs de long terme, la France doit s’adapter au changement climatique que les émissions de GES accumulées dans l’atmosphère rendent désormais inéluctable. En 2018, elle s’est ainsi dotée d’un deuxième plan national d’adaptation au changement climatique qui vise à mettre en œuvre les actions nécessaires pour adapter, d’ici 2050, les territoires aux changements climatiques régionaux attendus. Parallèlement, dans le cadre des plans climat-air-énergie territoriaux, les collectivités territoriales instaurent des stratégies locales d’adaptation. Certains acteurs économiques attribuent également un prix au carbone dans le cadre de leurs stratégies d’affaires. Ce coût, interne à l’entreprise, correspond aux risques financiers (taxation future des émissions de GES, anticipation de réduction des quotas d’émissions de GES imposés dans le cadre du marché européen aux plus gros émetteurs) ou aux risques associés à la réputation de l’entreprise en raison de son impact défavorable sur le climat.

Carte 1 : impacts du changement climatique en France déjà visibles et à venir, d’ici 2050

Source : Observatoire national des effets du réchauffement climatique, novembre 2018

Graphique 1 : évolution de la température moyenne annuelle en France métropolitaine

Note : l’évolution de la température moyenne annuelle est représentée sous forme d’écart de cette dernière à la moyenne observée sur la période 1961-1990 (11,8 °C) à la différence de la mesure du réchauffement planétaire global qui se réfère généralement à la période préindustrielle (1850-1900) et concerne les températures globales (terres et océans).
Source : Météo-France, 2020

Graphique 2 : élévation du niveau moyen des océans depuis la fin du XXe siècle

Sources : E.U. Copernicus Marine Service Information/Copernicus Climate Service 2020

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